"Histoire
d'un
regard",
le film de
Mariana
Otero

La réalisatrice Mariana Otero signe un film sur Gilles Caron, écrit en collaboration avec Jérôme Tonnerre : « Histoire d’un regard ». Sortie en salles le 29 janvier 2020.

Gilles Caron, alors qu’il est au sommet d’une carrière de photojournaliste fulgurante, disparaît brutalement au Cambodge en 1970. Il a tout juste 30 ans. En l’espace de 6 ans, il a été l’un des témoins majeurs de son époque, couvrant pour les plus grands magazines la guerre des Six Jours, mai 68, le conflit nord-irlandais ou encore la guerre du Vietnam. 

Lorsque la réalisatrice Mariana Otero découvre le travail de Gilles Caron, une photographie attire son attention qui fait écho avec sa propre histoire, la disparition d’un être cher qui ne laisse derrière lui que des images à déchiffrer. Elle se plonge alors dans les 100 000 clichés du photoreporter pour lui redonner une présence et raconter l’histoire de son regard si singulier. 

« Un jour, alors que je finissais le montage de mon film A ciel ouvert (2013), le scénariste Jérôme Tonnerre m’a fait parvenir un livre, la biographie d’un photographe. En le feuilletant, j’ai découvert de magnifiques photographies dont quelques-unes m’étaient familières mais, étrangement, je ne connaissais pas le nom de celui qui les avait faites: Gilles Caron. 

Et puis je suis tombée sur les dernières pages du livre. Elles relatent la disparition soudaine de Gilles Caron au Cambodge en 1970. On y voit son dernier rouleau de photos, des adolescents cambodgiens, sourire aux lèvres, revêtant l’uniforme pour aller à la guerre. Entremêlées à ces images de reportage, deux petites filles en bonnet dans un jardin en hiver, ses deux filles Marjolaine et Clémentine. J’étais saisie. Je retrouvais comme en miroir, les dessins que ma mère peintre, Clotilde Vautier, avait faits de ma sœur et de moi-même enfants, peu avant sa mort en 1968 alors qu’elle aussi avait à peine trente ans. Ces photos, cet écho étaient comme un appel, une invitation à faire un film. 

J’ai alors voulu rencontrer la femme et les filles de Gilles Caron pour savoir comment elles avaient vécu cette disparition et si des recherches avaient été entreprises et avaient ouvert des pistes. Suite à nos longues discussions, j’ai compris qu’il serait inutile de vouloir enquêter une fois encore au Cambodge et que ce n’était pas de ce côté que le film pourrait aller. 

Et puis, très vite la famille a accepté de mettre à ma disposition sous leur forme numérique les 100 000 photos prises par Caron au cours de sa fulgurante carrière.
Face à cette quantité gigantesque d’images, j’ai commencé par m’intéresser au reportage d’où est issue la célèbre photo représentant Cohn-Bendit face à un policier en 1968. Je voulais comprendre et reconstituer le trajet de Caron dans les quelques mètres carrés qu’il avait arpentés ce jour-là. C’est à ce moment-là, pendant le temps de cette recherche, alors que j’avais l’impression d’accompagner le photographe derrière son épaule que le désir du film est devenu évident, impérieux. 

Déchiffrer des images pour révéler au travers d’elles la présence de celui ou de celle qui les avait faites, était une démarche que j’avais déjà explorée dans le film sur ma mère Histoire d’un secret (2003). Ce nouveau film Histoire d’un regard est né de ce même désir: faire revivre un artiste à partir des images qu’il laisse et exclusivement à partir d’elles. »

Mariana Otero

 

Sortie : 29 janvier 2020

France – Diaphana Distribution

1h33 – 1,1 :77 – Dolby 5.1